« The past is behind me, future is on my steps. » [PV Nina][En pause]

Elle est venue là sans aucun but précis. Nina agissait toujours ainsi ; laissant sa vie et son destin entre les mains manipulatrices et aléatoires du hasard. Ah, ce grand hasard. Il nous fait parfois tomber sur les gens qu'il faut. Parfois pas. Cela dépend. C'est le hasard, quoi. Nina ne croit pas au hasard. Nina ne croit plus en rien. Elle ne croit qu'en la terreur qui lui serre les entrailles lorsque son double apparaît. Elle avance, tranquillement, vers un lac. Son pas est léger, mais il se dégage de son allure une fragilité presque palpable. On sent qu'un rien peut la briser. Qu'un mot, un seul, suffirait à la faire plonger.

Elle secoue la tête. Elle n'a pas vu l'étalon un peu plus loin, et avance, ses grands yeux noirs posés sur l'étendue d'eau qui scintille tandis qu'elle s'en approche de plus en plus. Elle dresse ses oreilles. Elle n'a pas spécialement soif, mais le soleil tape sur sa robe immaculée. Un peu d'eau fraiche n'est pas de refus. Elle s'approche alors, et pose ses sabots au bord de la rive. Elle va se baisser, quand, avant de pouvoir même s'apercevoir qu'elle n'est pas capable de toucher l'eau, elle s'arrête. Elle regarde son reflet. Elle plante son regard étrangement noir dans les yeux de son image qui se reflète.

Elle y voit une jument incertaine, très peu sûre d'elle. Fragile. Délicate. Faible. Faible. Elle soupire, mais ne parviens pas à lâcher son reflet du regard. Ses prunelles, dans son reflet, se modifient soudain. Elles ressemblent alors à deux gouffres sans fond. Deux gouffres, deux puits, sans aucune lumière pour éclairer ce noir effrayant. Elle sent la peur lui serrer le ventre. Ce reflet n'est pas celui de Nina. C'est le sien. Celui de l'autre cygne. Elle veut reculer, mais c'est comme si elle en était impossible. Comme si des chaînes l'entravaient ici, démunie, face à cette drôle de force qui l'oblige à contempler le reflet, qui, soudain, lui sourit. Pourtant, Nina, elle, ne sourit pas. Un bruit, une simple bruit, devrait suffire à la faire sortir de sa stupeur. Je pense.

Mais personne ne peut voir ce qu'elle voit elle. Si son reflet se modifie, elle est la seule à le voir. C'est pour cela que certains la disent atteinte d'une folie douce et dangereuse. Douce car elle semble inoffensive. Dangereuse car justement, elle est loin de l'être. Elle secoue la tête, et en posant les yeux sur son reflet, s'aperçoit qu'il est redevenu le sien. Il ne sourit plus et elle y lit la peur qui doucement, s'efface de son regard. L'autre cygne n'est pas là, elle ne viendra pas. Un peu rassurée - même si tout n'est pas assuré pour autant, Nina entend soudainement un bruissement de crins. Elle tourne la tête et a la surprise de découvrir, à quelques mètres d'elle, un étalon.

Sa première réaction est de coucher les oreilles et de reculer de plusieurs pas. Et s'il lui voulait du mal ? Et s'il voulait la tuer ? Et s'il n'était qu'une hallucination de la demoiselle ? Non, ses hallucinations lui montrent souvent une jument blanche, qui lui ressemble beaucoup. Qui lui ressemble entièrement, même. Elle observe alors l'inconnu, le cœur battant. Il semble doux. Il semble fragile. Enfin non, pas fragile. Juste pacifique. Il la regarde comme s'il craignait de l'effrayer. Elle hésite. Le regarde toujours, de ses immenses yeux noirs comme l'ébène. Ses poils sont gris et noirs, et ses crins, beaucoup plus courts que les siens, sont noirs corbeau aussi. Elle secoue d'ailleurs les siens, d'une blancheur pure et noble. Elle fait alors un pas en avant. L'inconnu n'a toujours rien dit. Pour la première fois, elle décide de parler la première.

« Bonjour... » murmure-t-elle d'une petite voix.

Une voix douce et cristalline, mais où l'on sent une fragilité palpable. On a l'impression que sa voix peut se briser d'un instant à l'autre. Qu'au prochain mot, la jument s'écroulera. Mais ce n'est - heureusement - pas le cas. Pas à ce moment-là en tout cas, où elle sent la douce aura de l'étalon l'envahir. Il semble doux. Elle ose alors lui sourire, doucement. On dirait un ange. Un ange bien instable pourtant.

( J'adore comment tu écris. ♥ )

Lorsque je m'eut suffisament rapproché et que la Cérès m'eut apperçus, elle recula alors de plusieurs pas en baissant les oreilles. Quand à moi, je ne bougea d'aucun poil, restant dans la même position que j'étais en regardant la jolie jument blanche. Elle avait une robe d'un blanc si pur et profond que l'ont aurait juré voir un magnifique flocon dans un décor... étrange. Son regard d'un noir basané semblait l'observer, enregistrant chacun de ses fait et geste. Edle, quand à lui, posait son regard doux sur elle en la regardant simplement, sans la dévisager. Puis, la jument blanche secoua ses crins qui était d'une longueur plus longue que les miens, et avança d'un pas en ma direction. Voyant que je ne disait toujours rien, elle murmura d'une petite voix :

« Bonjour... »

Ses paroles avaient semblé fragiles, comme si la belle jument blanche était sur le point de s'écrouler. Un souire sage et chaleureux s'étira sur mes douces lèvres, alors qu'elle-même souriait doucement. Je n'avais aucunement l'intention de lui faire peur, encore moins de lui faire du mal. Il n'était pas dans ma nature de blesser les autres, et j'essayais de me montrer plus compréhensif envers ceux de ma patrie. Nous étions comme une grande famille, en quelque sorte. Une famille que je m'efforcerais de protéger, toujours. Reprenant la parole, je plongeais mon regard dans le sien avant de lui dire :

« Bonjour .. Je suis Heiter Edle. »

Un sourire était toujours affiché sur mes lèvres suaves, et j'avais prononcé ces mots de la même manière douce et amicale qu'auparavant. La ton duveteux et chaleureux que j'adoptais toujours, en quelque façon.

( Merci, tu es très inspirante. ♥ )