Les vestiges du passé, en pause.

Les vestiges du passé.
with le Nem. ♡

Morphée, vorace divinité des cieux semble assouvrir sa peine dans les méandres du sommeil. De nombreux équidés dans ses filets par cette nuit fraîche et obscure, vous ne semblez pas vous en soucier, vous continuez à suivre ce chemin tortueux. La destinée, existence vicieuse et présomptueuse, s'acharne à vous bringueballer de tous côtés. Elle ne sait malheureusement pas à qui elle a affaire, vous, petit initié passioné. Une pomme vernie entre les dents, le pas sûr, vous avancez vers les vestiges du passé. Les ruines s'effritent, vous ne vous en préocuppez pas. La pomme est juteuse, acidulée. Vous croquez un quart et le mettez de côté. En offrande au Divin, cet être que vous vénérez.

Pourtant, Aby s'était délivrée de l'emprise des bras rassurants de la déesse Morphée, échappant au sommeil comme on s'échappe d'une prison dorée. Un ruban noir pétrole s'était étendu au-dessus de ce monde irréel, ruban noir que l'on appelle communément nuit. Tout n'était éclairé que par les rayons d'une lune trop pâle qui n'offrait que désillusion à ces humbles serviteurs. Abygaël s'était éveillée en sursaut, proie à de terrifiants cauchemars qui hantaient son esprit perturbé victime d'un passé dont elle était parfois nostalgique. Ses paupières s'étaient alors entrouvertes sur le monde, et ses idées n'avaient eu que pour seul objectif de devoir bouger. Son corps était fatigué, mais sa tête lui réclamait de se lever. Et c'était ce qu'elle avait fait. Et c'est sous l'immensité de la voûte céleste que la jument, fourmi comparée à l'infinité du monde, trottait sans but précis, sauf peut-être celui de se changer les idées.

Dans le champs de vision de la jolie baie apparut soudainement un arbre de grandeur impressionnante empiétant sur l'espace des vieilles ruines abandonnées. Abygaël inspira. Plusieurs effluves frôlèrent ses narines, la première fut celle des pommes, odeur qu'elle connaissait bien. Et parmi tant d'autres, elle reconnut également l'odeur d'un cheval. Elle n'était donc pas seule. Et à en juger par le parfum il s'agissait certainement d'un étalon. Intéressant. La jument avança, se fiant à son instinct et son odorat, ainsi qu'à sa vision quoique faible dans l'obscurité, jusqu'au pommier. Elle se cabra, appuyant ses antérieurs contre le vieux tronc écorché du pommier afin d'atteindre une pomme en hauteur. Aby attrapa le fruit avec ses dents et en croqua un bout, qu'elle mastiqua. Elle entendit alors un bruit et se retourna vivement. La forte carrure d'un étalon à la robe sombre, à peine visible dans l'obscurité de la nuit, s'esquissait devant le regard de la jument. Celle-ci fixa le cheval silencieusement, immobile, méfiante. Attendant que ce soit lui qui fasse le premier geste.