vitalité mortuaire • LB

L I B R E ♥
L'air autour de moi sens bon la fleur, l'herbe verte et le printemps. Autant dire que tout cela est irrespirable ! Je tousse avec véhémence et crache sur le sol. Je voudrais détruire cet endroit malodorant, ses petites fleurs et ses habitants joyeux et roses. Je lâche un soupir dégoûté. Cet endroit me répugne. Je m'apprête à partir d'ici lorsqu'une voix retentit derrière moi. « Pourquoi pars-tu, sadique accompli ? Tu crois qu'ici meilleure n'est pas la vie ? » Je plaque les oreilles en arrière avec un grondement rageur. Un oiseau d'une couleur terne me regarde en inclinant la tête de droite à gauche. Étonné de ne voir personne et d'entendre uniquement son pépiement joyeux, je me renfrogne. Je regarde distraitement le volatile du coin de l'œil. Il boit une gorgée d'eau de la fontaine puis une voix clairement audible s'échappe de sont bec entrouvert. « Pourquoi ainsi tu me toise ? Tu cherche des noises ? » Alors c'est donc ce stupide moineau qui m'adresse la parole ?! Tremblant de fureur, je me jette vers lui. Il s'échappe en volant lestement. Malgré tout, il reste en suspension au-dessus de ma tête. Je le regarde avec haine. « Viens donc là, petit moineau imbécile ! Je vais t'apprendre à ne parler qu'en rimant ; je vais faire de la charpie de ta chair, et cela fera pleurer ta maman. » Il pépie à nouveau, comme s'il avait oublié la parole, sans apparemment comprendre ce que je lui dit. Un grondement sourd vibre dans mes cordes vocales. L'oiseau se pose sur le haut de la fontaine et boit encore. « Serais-tu en train de me menacer ? Les dieux risquent de ne pas t'exaucer ! » Voilà qu'il recommençait ! Je lâche un soupir. Ma fureur est à son comble et elle ne serait pas apaisée tant que je n'aurais pas broyé son crâne entre mes mâchoires. Il volette tranquillement au-dessus de ma tête, comme pour me narguer. Je bondis brusquement et l'attrape dans un claquement de dents sonore. Il pépie une dernière fois et son sang se répand dans ma bouche dans un craquement d'os broyés. Je crache la carcasse au sol, le goût métallique habituel encore sur les lèvres. Je souris et reprend d'un ton narquois et chantant. « Et ainsi mourut le stupide volatile : tué par un coup de dent adroit. Ce n'est pas une grande perte car sa vie était bien futile et elle revenait à son assassin de droit. » J'esquisse une petite courbette moqueuse devant la carcasse disloquée. Le chant de ses compagnons, là-bas dans la forêt, s'est tu.

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Les arbres dansaient tout autour de moi, la brise du vent venait doucement me chatouiller le flanc. Je galopais librement dans ces terres que j'avais auparavant déjà parcourus, mes sabots ne frôlant à peine le sol. Je sautais par dessus les rochers et les troncs d'arbres écroulés, sautant par dessus les ruisseaux. La liberté que je parvenais à ressentir lorsque je traversais le tableau d'un pas rapide était pour moi réconfortant et agréable. C'est alors que ma concentration du bonheur fut rompus par une voix qui me parvenait au loin :

« Viens donc là, petit moineau imbécile ! Je vais t'apprendre à ne parler qu'en rimant ; je vais faire de la charpie de ta chair, et cela fera pleurer ta maman. »

Distrète, je me mouvais discrètement entre les arbres et regardais entre les feuilles afin de mieux voir. Le bassin, oui, je m'y était aventurée une fois... Un cheval noir regardais vers le ciel, je suivis son regard. Un petit oiseau se tenait surelevé face à lui et je pus y remarquer le petit oiseau que j'avais apperçus à ma première visite. Ce n'était impossible qu'il veuille lui faire du mal, patience ce devait-il d'avoir. Mais à ma grande surprise, l'oiseau but encore une autre gorgée. Il dit « Serais-tu en train de me menacer ? Les dieux risquent de ne pas t'exaucer ! ». Je dus m'empêcher de ne pas rire. Cet petite volaille ne devait vouloir que le mettre en rogne, et cela semblait bien marcher.

L'autre cheval qui semblait pleins de haine sauta dans les airs et l'attrapa de sa machoir serré. J'entendis un craquement et vis l'oiseua tomber par terre, mort. Il ne fallait pas être bien stupide pour deviner qu'il était mort ! Assassin, de tuer un oiseau ainsi sans défense ! Je poussa un grognement en sortant de ma cachette avant d'apparaître sur la droite de l'étalon. D'un mouvement, je me mouvais discrètement afin d'arriver plus en face de l'étalon. Je me dressais sur le bout de mes sabots, dévoilant mon corps élancé et aux reflets dorées. Je penchais brusquement les oreilles vers l'arrière et jetait un regard noir vers celui de l'étalon. Je lui dit d'une voix forte et confiante :

-" Assassin, pourquoi tuer de si jolies bêtes innocentes ? Tu viens empoisonner ces terres, ignoble monstre ! "

« Assassin, pourquoi tuer de si jolies bêtes innocentes ? Tu viens d'empoisonner ces terres, ignoble ! » Je me retourne brusquement vers la voix qui semble s'adresser à moi. Face à moi se dresse une jument pie aux reflets dorés. Je hausse un sourcil hautain et dubitatif avant d'éclater de rire. Pour qui se prenait-elle, au juste ? Son air farouche prêtait à amusement, il est vrai ! Je redeviens presque immédiatement sérieux et un nuage passe sur mon front. Je secoue la tête avec négligence. « Assassin ? Sans doute, je ne vous détromperais pas, gente dame. J'esquisse une courbette moqueuse avant de reprendre, un sourire narquois sur les lèvres. Jolies ? Tout dépend du point de vue. Innocentes ? Je prend une moue faussement pensive. A partir du moment où une créature nait, elle n'est plus innocente, à mon avis. Mais qui êtes-vous pour me donner des leçons de savoir-vivre ? Ne savez-vous donc pas qui je suis ? Vous êtes, sans être vulgaire, bien sotte dans ce cas. » Je ne cache pas mon amusement devant cette pauvre femelle effarouchée par le meurtre d'un stupide volatile insignifiant. J'avale ma salive mêlée de sang. Mais je ne lui laisse pas le temps de répondre et reprend. « Oh, je vois. Vous voulez parler de cet animal ! » Et, dans un geste vif, je baisse la tête vers le cadavre mutilé, l'attrape du bout des dents par une aile et le balance avec force sur la pie. Il est vrai que ce comportement n'est pas très adulte, mais quand pourrions-nous nous amuser, sinon sur des personnages vivants ? Je contemple le dernier vol du passereau. Séparation de corps, pensais-je avec un amusement mélancolique quand le cadavre perd ses deux ailes en plein vol.

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L'étalon se retourna vers moi, haussant un sourcil. Je lui lançait toujours le même regard noir, battant farouchement ma queue contre mon flanc. Il éclata de rire, mais cela ne me surpris guère. Se prenait-il pour un dieu ? Stupide il devait être, car son sarcasme était aussi faux que son âme. Son attitude devint presque aussitôt sérieuse, puis il secoua la tête avant de me répondre :

« Assassin ? Sans doute, je ne vous détromperais pas, gente dame. Jolies ? Tout dépend du point de vue. Innocentes ? A partir du moment où une créature nait, elle n'est plus innocente, à mon avis. Mais qui êtes-vous pour me donner des leçons de savoir-vivre ? Ne savez-vous donc pas qui je suis ? Vous êtes, sans être vulgaire, bien sotte dans ce cas. »

Il semblait amusé et cela ne pouvait me mettre qu'en rogne. J'ignorais pour qui il se prennait, mais son attitude me dégoûtait au plus haut point. Je n'avais pas l'intention de perdre mon temps avec un cheval insignifiant comme l'inconnu qui se tenait devant moi, quitte à écourter notre rencontre. J'étais patiente, enfin je n'était pas celle qui se jetais au coup de tous à la moindre provocation, mais il me frustrait terriblement. Il poursuit tout de même :

« Oh, je vois. Vous voulez parler de cet animal ! »

Comme s'il ne l'avait pas compris auparavant ! Il baissa la tête vers le sol et me lança la volaille d'un geste vif. Pas de chance. D'un geste rapide, je me tassais vers le côté, voyant atterrire l'oiseau décapité sur le sol. Comme si j'allais réellement me laisser avoir par un étalon aussi stupide et ignorant que lui. Je lui dit d'un ton dédaigneux :

-" Sotte ? Mais pour qui te prends tu ? J'ignore qui tu es et je ne désire même pas le connaître, tu sonne aussi faux que l'esprit qui hante les cimetières. Ton intelligence est aussi moindre que celle d'un moinneau, tu as tord de tuer ceux de ta propre espèce. "

Du même regard dédaigneux, je regarda l'oiseau étendu sur le sol. J'avais déjà hâte de partir de cette endroit, mais je ne partirais pas temps que l'inconnu n'aurait pas baissé les pattes de ce bassin.