Appréhension nouvelle ~ Smilest Fuhl.

Depuis quelques heures déjà, je me mouvais dans le décor d'une nouvelle forêt que je n'avais jamais vus auparavant. Je connaissais les risques et les désavantages de se promener seule, mais j'étais suffisamment vieille pour décider seule de mon avenir. Je trônais en maître de mon destin, et personne ne pourrais changer cela. Mes pas étais toujours aussi gracieux qu'à l'habitude, mais je marchais plus lentement qu'à l'habitude.

Tout à coup, pourtant, le décor sembla changer. La forêt, autre fois humide alors que les longues branches me frottait le flanc, semblant changer pour une forêt plus sombre, une forêt que je n'avais jamais vus. Le sol était recouvert de feuille morte, mais j'étais curieuse à l'idée d'une nouvelle aventure. J'avança prudemment un court instant, avant de me lancer à nouveau au trot. Plusieurs minutes s'écoulèrent, bien qu'elles passèrent très vite dans mon esprit. À nouveau, le décor sembla changer. Mais cette fois, je cessa tout mouvement et scruta l'environnement inconnu qui m'entourait. Cette forêt était très étrange, comme plusieurs des autres territoires d'Eris, d'ailleurs. Les chemins qui était apparus un moment plus tôt était maintenant envahis d'arbres, alors que ceux qui avait été comblé par les tas de feuilles mortes étaient maintenant dégagé par la terre poussiéreuse.

La panique s'empara de moi, la panique comme je ne l'avais jamais connus. Je poussa un cris aigu de panique, en reculant. Je désirais simplement rentrer, sortir de cet endroit perdu. Une panique que je n'avais jamais ressentis s'emparait de moi. Mes pas accélérèrent et je pris un galop rapide, alors que je poussais des souffles de panique. Un bruit sec attira mon regard derrière moi, puis ...

L'étalon était partit se promener tranquillement aux premières lueurs du jour. Il aimait être matinal. Il aimait voir le monde s'éveillait sous ses yeux toujours émerveillés, jamais lassés de tels spectacles. Et il avait atterrit, après plusieurs heures de marche, dans cette forêt qui semblait, aux premiers abords, sereine et tranquille. Mais il se trompait. Mais cela, il l'ignorait encore. Il trottinait, de son allure enchanteresse. Cette allure, qui semblait à la fois drôlement désinvolte, si différente, décalée mais pourtant si fascinante. Elle lui donnait quelque chose de plus. Quelque chose de fort. De puissant. Il balaya les arbres gris de son regard brûlant - noir, mais brûlant. C'est là qu'il vit que quelque chose avait changé.

Il venait de contourner un chêne. Et quand il posait les yeux sur le chêne... celui n'était plus là. Quelques pas plus loin, un hêtre, quelques pins.. mais aucun chêne. Il se dit d'abord qu'il avait rêvé. Il continua d'avancer, puis baissa la tête, observant le sol, mais suivant encore le chemin. Quand il releva les yeux, il fut obligé de piler. Il n'y avait plus de chemin devant lui. Un rideau d'arbres serrés. Il observa derrière-lui ; aucun chemin non plus. C'est là qu'il commença à se dire qu'il ne rêvait peut-être pas, et que quelque chose clochait. C'est aussi là qu'il entendit le hennissement. Un cri aussi terrifié que terrifiant. Mais Smile réagit au quart de tour. Quelqu'un était en danger. Quelqu'un était effrayé. Peu importe ce qu'il/elle avait réellement ; l'étalon ne pouvait s'empêcher de bondir pour trouver la source de l'appel. Pour faciliter sa tâche, il hennit à son tour, d'un hennissement puissant et résonnant longtemps. Le cœur battant, il reprit le pas, attendant une réponse.

Je pus etendre un hennissement, une voix que je n'avais jamais entendus auparavant provenir de plus loin. Je galopais toujours, en ignorant même la cause. Cet endroit était des plus étranges et l'idée de ne jamais pouvoir sortir d'ici me terrifiant épouvantablement. Je ralentis le pas avant de m'arrêtez le pas, puis mon regard dériva vers l'endroit d'où j'avais crus entendre une réponse. Mes oreilles étaient maintenant dressés en pointe. Quelqu'un avait dut percevoir mon hennissement. L'idée de ne pas être seule, perdue dans ce trou perdu me rassurait quelque peu.

Avant que le décor puisse changer à nouveau et que je puisse réellement me perde, j'hennis à nouveau. Je craignais de faire une mauvaise rencontre, mais j'étais déjà dans une situation suffisamment délicate pour me poser cette question. J'avança discrètement, alors que mon regard balayais continuellement les alentours, cherchant quelque chose de vivant. Les arbres changeait constamment de place, ce qui venait à m'en donner des vertiges. J'espérais que quelqu'un apparaisse, vienne m'aider... Ou tout simplement que ce ne sois qu'un simple cauchemar et que je puisse enfin me réveiller. Je craignais de ne jamais pouvoir sortir d'ici...

Il craignait aussi de ne pas retrouver son chemin, mais pour le moment, tout ce qui le préoccupait, c'était de savoir ce qu'avait l'inconnue. Il avait reconnu dans le cri un ton féminin et en avait alors conclu que c'était une jument. Et il la cherchait toujours, inquiet et intrigué, les naseaux dilatés et soufflant doucement. Il humait l'air mais ne sentait rien à part l'odeur du bois et de la sève. Les arbres semblaient bouger, même s'il ne le voyait pas clairement - un arbre n'est pas censé bouger, normalement. Enfin, bref. Soudain, il aperçu un mouvement. Une tâche dorée. Blanche. Là-bas ! La jument était là, un peu plus loin. Il traversa la distance qui le séparait d'elle, posant sur la pie un regard doux mais où se lisait une inquiétude inhabituelle. Une inquiétude que l'on n'est pas censé ressentir pour une inconnue. Une inquiétude qui pouvait paraître déstabilisante. Mais naturelle, pour Smilest. La respiration encore un peu courte, il s'approcha d'elle, doucement. Elle semblait perdue. Au sens propre - comme lui - comme au sens figuré.

« - Quelque chose ne va pas ? » demanda-t-il d'une voix, bien que calme et douce, tenaillée par la crainte.

Une drôle de question, tout de même, pour cet endroit où les arbres bougeaient tout seuls, cherchant certainement à effrayer et perdre les inconnus qui venaient risquer leur vie ici. Smile n'était pas rassuré, mais gardait autant de sérénité que possible dans ses grandes prunelles noires.

Je continuais d'observer les alentours de mon regard imprévisible, lorsqu'un cheval noir apparut devant moi. J'imaginais que trop bien qu'il devait être le répondant à mon appel. Il avait une carrure sage, cela m'intriguais. Son regard doux me rassurait, mais j'étais inquiète à la fois. Son allure trop sage me rendait perplexe, il avait l'air parfait. Je fis un pas de côté pour mieux pouvoir lui faire face. Il dit alors :

« - Quelque chose ne va pas ? »

Une boule semblait se former dans ma gorge. Je l'admirais en silence, ne le laissant pourtant pas parraître sur mon visage. C'était plutôt étrange pour quelqu'un comme moi ; d'habitude, j'apportais toute l'attention sur moi et ne me souciais guère des autres. Je réussis finalement à dire, sur un ton peut-être un peu trop appeuré :

-" Je.. Je cherche une sortie... ''

Il devait être évident que j'étais perdue, peut-être trop même. C'étais la première fois que je me perdais dans une forêt et j'avais l'impression d'être prise au piège. Mon regard allait du boisé qui nous entourais à celui de l'étalon. Son regard était rassurant et j'avais l'impression de me calmer un peu, bien que la peurt sois toujours là.

L'étalon observait la jument. Elle avait une robe très jolie ; et elle-même entièrement était gracieuse et élégante. Même si elle semblait plutôt apeurée à ce moment-là. Elle mit du temps à lui répondre, mais l'étalon ne la pressa pas ; il n'était pas pressé. Il observait les alentours, aux aguets, intrigué par le fait que les arbres changent de place ainsi. Il secoua sa longue et épaisse crinière noire avant de planter son regard brillant de nouveau dans celui de la jument. Elle semblait si fragile, si craintive, si perdue, à cet instant-là, que Smile sentit un immense désir de protection naître en lui envers la jument. Quand elle lui répondit, il eut un sourire amusé - malgré la situation.

« - Oui c'est logique, ma question était quelque peu stupide, excusez-moi. »

Il lui sourit, un sourire rassurant, confiant, et amical. Il fit un pas vers elle, pour ne pas laisser d'arbres en elle et lui - il avait trop peur de la voir disparaître, comme un ange, comme un papillon éphémère. Il observa les alentours. Des arbres, des arbres...

« - Moi aussi j'aimerais sortir d'ici, on pourrait... sortir d'ici à deux ? » proposa-t-il gentiment, d'une voix douce et calme, comme un enfant qui a trouvé une bonne idée.

Il décrocha son regard des alentours pour venir le poser de nouveau sur elle. Il lui sourit.

Le regard de l'étalon changeait alternativement de direction, je me demandais s'il connaissais la raison que ce changement de direction. Mais je ne comptais pas lui demander, pour qui aurais-je l'air ? J'étais en guerre contre mon propre esprit. Une partie de moi désirais partir maintenant au grand galop afin de fuir au plus rapidement cet endroit, alors que l'autre ne voulait que rester auprès de l'étalon. Celui-ci secoua majestueusement sa longue crinière avant de me regarder, son regard me donnant l'impression de fondre. Je parvins finalement à lui bagayer quelque chose d'acceptable, ce qui le fit sourire. Riait-il de moi ? J'admet que ma réponse n'avait pas dut parraître très intelligente. Il me dit alors de sa voix rassurante :

« - Oui c'est logique, ma question était quelque peu stupide, excusez-moi. »

Mais je ne trouvais pas sa question stupide. L'étalon se rapprocha d'un pas vers moi, me ramenant brusquement sur terre. J'hésitais à reculer, mais je gardas la même position. Un sourire s'étira sur ses lèvres d'un noir profond, ce qui me fit rougir de gêne. Je ne comprenais pas, il était étrange pour moi d'avoir un comportement si anormal, alors que j'étais pourtant si imprévisible. Mais à ses côtés, je semblais fondre, bien que j'espérais que cela ne sois guère trop visible.

« - Moi aussi j'aimerais sortir d'ici, on pourrait... sortir d'ici à deux ? »

Cela semblait être la meilleure idée qu'elle n'est jamais entendue. Il avait prononcé ses paroles sur un ton calme et doux, l'air toujours aussi rassurant. Son regard se posa de nouveau moi, alors qu'il me souriait. La même boule sembla me monter à la gorge et je réussie finalement à dire, d'un ton que je m'efforcais de faire parraître calme et confiant :

-" Oui, bonne idée... "

Je commença à marcher, invitant l'étalon à me suivre. Le chemin à suivre pour sortir de la forêt m'étais inconnu, mais je doutais d'arriver aux terres sures et chaleureuses avant un bon moment. Je posa mon regard sur le sol, avant de le relever vers l'étalon. Je lui dit :

-" Au fait, désolée de t'avoir ammenée ici.. "

Se moquer d'elle ? Oh non, Smile n'oserait se le permettre. Jamais, il ne se moquait des autres. Non, son sourire était au contraire une preuve de l'affection qu'il sentait naître pour la jument. Après-tout, elle était perdu ; lui aussi. Ils étaient perdus ; à deux. Autant s'entraider, non ? Il remarqua qu'elle rougissait, mais ne fit pas de commentaires. Bien trop respectueux pour oser lui demander la raison de ce petit malaise qui semblait naître en elle. Il n'aimait pas s'insinuer dans la vie des gens. Généralement, il ne restait qu'à fleur de peau de leur vie, de leurs histoires. Il les aidait, leur apportait sagesse et soutient ; et s'en allait. Il préférait ne pas s'attarder. Ne pas s'attacher. Peut-être par peur de perdre. De nouveau. Il chassa ces pensées de son esprit pour se concentrer sur la jument qui venait de parler. Elle lui sourit, et même s'il sentait que les mots lui restaient dans la gorge, il mettait cela sur le compte de la situation ; être perdu ici. Bien trop modeste, il ne pouvait pas imaginer que c'était à cause de lui ; de son charme, de son sourire.. tout cela lui passait au-dessus de la tête. Peut-être était-elle impressionnée par lui, tout simplement ? Il était plutôt grand, fort, massif, impressionnant, et d'une robe d'ébène parfait. Et puis la sagesse et la chaleur qui se lisaient dans ses prunelles pourtant incroyablement noires en déstabilisaient plus qu'un. Elle n'était pas la première. Elle approuva donc son idée, et cela le réjouit. Elle fit quelques pas et l'invita à faire de même ; ce qu'il fit, docile et de bonne grâce. Il la rattrapa, pour marcher à ses côtés, adaptant son allure à la sienne. Elle releva le regard et il tourna sa tête gracieuse vers elle pour le croiser. Il lui sourit, tandis qu'elle parlait. Elle s'excusait. Il fronça les sourcils avec un sourire, ne comprenant pas. Il secoua la tête, en dressant ses oreilles vers elle.

« - Oh, mais vous n'avez pas à vous excuser enfin. J'étais là aussi, perdu, comme vous. »

Il lui fit un clin d'oeil, son sourire à présent rayonnant, posé sur ses lèvres, sur son visage noir mais incroyablement chaleureux. Il continua de marcher tranquillement dans le silence, avant de doucement murmurer de sa voix calme mais d'où poignait une force singulière :

« - Au fait, moi c'est Smilest Fuhl. Mais vous pouvez m'appelez Smile. »

L'étalon me rattrappa rapidement avant de prendre mon allure. Il semblait si sage, si noble, que cela me parraissait impossible. Je m'excusa de l'avoir entraîné dans cette forêt si étrange, mais il fronça les sourcils, je tournais donc la tête vers lui, interrogative. Son sourire surgit de nouveau sur son visage noir, un visage qui semblait pourtant si doux. À première vue, son pelage sombre aurait pus me donner l'impression d'avoir à faire à un dur, un froid. Mais il ne semblait pas l'être, bien que cela pourrait très facilement être qu'une simple première impression. Je le vis secouer la tête, tout en redressant les oreilles vers moi. Il dit :

« - Oh, mais vous n'avez pas à vous excuser enfin. J'étais là aussi, perdu, comme vous. »

Oui, probablement. Mais je l'avais tout de même poussée à s'aventurer encore plus loin dans les profondeurs de la forêt. C'était entièrement ma faute, quoi. Il me fit un clin d'oeil, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Nous continuâmes de marcher ainsi pendant plusieurs minutes, alors que je tentais d'oublier dans l'endroit sombre et sinistre que nous nous trouvions. Un murmure me parvient alros, un murmure douce mais forte à la fois :

« - Au fait, moi c'est Smilest Fuhl. Mais vous pouvez m'appelez Smile. »

Je relevais la tête vers l'étalon noir, enfin, Smilest Fuhl. Il est vrai que je ne m'étais pas présenté, mais pour moi, les noms n'étaient que des noms. Après tout, cela ne devait rien changer. Simplement une manière de se reconnaître, de ressortir de la foulle. Je souris frénetiquement en regardant l'étalon dans les yeux, avant de me présenter à mon tour :

-" Et je suis Beauty, mais l'ont me surnomme Splend ou tout simplement par mon nom. "

Il remarqua le sourire de la jument, et sourit inconsciemment lui aussi. Il aimait donner - ou redonner - le sourire aux gens. Cela gonflait son cœur d'une fierté sereine et méritée ; une fierté pas malsaine, plutôt juste et loyale. Il secoua sa crinière et continua de marcher, cherchant tout de même un moyen de sortir mais son esprit était occupé par la jument pie, qui l'intriguait. Après-tout, il ne s'attendait pas à voir un panneau avec marqué 'sortie' suivit d'une flèche en plein milieu de ces bois trompeurs. La jument sourit de nouveau, et il attendait sa réponse avec une impatience étrange - et nouvelle. Celle-ci lui répondit alors. Il esquissa un sourire rayonnant une nouvelle fois.

« - D'accord, je t'appellerais Splend alors. » murmura-t-il sans ralentir son allure cadencée.

Il s'aperçut qu'il l'avait tutoyé, et secoua sa tête, un peu confus sans l'être trop. Il lui fit une moue désolée, avec un petit sourire en coin, puis marmonna doucement, en s'arrêtant pour la regarder.

« - Au fait, je peux te tutoyer ? » demanda-t-il alors en se mettant doucement à rire, d'un rire doux, calme et mélodieux.