_mystérieuse ainsi elle est. pv.

_Je m’étais évanouie il y a quelques heures, où j’avais pris la décision que je marcherais jusqu’à mon dernier souffle mais apparemment mon souhait n’a pas été exaucé, j’en suis malheureuse. Ainsi ; je m’étais réveillée dans un endroit plutôt étrange, entre la peur et l’effroi, le calme et la douleur. A vrai dire ; j’étais quelque peu perdue dans mon sommeil qui avait été très profond ; où je n’en entendais aucun pas, où je ne voyais rien, où le noir hantait les lieux. J’avais comme disparue de la surface du monde, j’étais seulement présente, mais autre part. Exactement, autre part. Je ne savais même plus où est-ce que je m’étais aventurée précédemment, où étais-je ? Ça je n’en savais rien. Je comprenais juste qu’il y avait un long couloir, long chemin. Un couloir aux murs tapissés de rouge, cependant cette teinte était bien différente du rouge que je connaissais ; très loin de la couleur de base des coquelicots et encore plus éloignée de celle du sang. Je n’y comprenais absolument rien et à vrai dire ; je ne cherchais pas vraiment à savoir ce qui m’était arrivé. Une chose était sûre, j’étais coincée dans ce beau drap, prisonnière d’un voile étrange qui ne me permettait pas de voir aussi loin que je l’aurais aimée. Je m’avançais, me relevais avec difficulté, en amenant toute ma masse avec moi. Je suivis l’endroit d’où venait l’affreuse chaleur qui me rendait affreusement pâle. Je m’y rendis.

Il ouvrit les yeux. Il craignit d'être éblouit par la lumière du soleil. Mais il fut surpris de constater qu'il pouvait ouvrir les yeux normalement. Aucune lumière frappante. Aucune lueur flash. En réalité, il faisait noir. Étrange. S'il dormait, c'est que ça devait à présent être le matin - il n'aimait pas dormir le jour. Pourtant, tout était sombre. Il attendit, couché au sol. Finalement, ses yeux finirent par s'habituer à l'obscurité et il se releva en s'ébrouant. Mais où était-il donc ? Il était dans un long couloir. Devant lui, une lueur rouge et un courant d'air brûlant lui parvenait. Il jeta un coup d'œil derrière-lui. Une lumière diffuse, blanchâtre et douce s'en ressortait. Mais il craint un piège et choisit alors d'avancer vers la chaleur, droit devant lui. Il voyait à peine dans ce couloir sombre. Devant lui notamment, il crut percevoir, quelques mètres plus loin dans le tunnel, une présence. Il ralentit, jusqu'à s'arrêter. Il était totalement invisible dans le noir avec sa robe d'ébène. Il se racla la gorge.

« - Il y a quelqu'un ? »

_J’allais en direction de la lumière – c’était le cas de le dire, hmpf -, en conduisant mon regard bienfaiteur vers cette luminosité aveuglante. Du rouge s’étendait à perte de vue, un mal de crâne s’entreprit de m’agacer dans mon humble cervelle. Le couloir avait été aussi sombre que le pelage des corbeaux ébènes, aussi noir et lugubre que le froid et la glace, ça ressemblait assez aux Cimetières, où j’ai versé des larmes. Sans me douter de quoique ce soit ; quelques mètres derrière moi, un étranger s’était incruster dans la conversation, le rendez-vous, tête à tête avec moi-même, me privant totalement de ma liberté à galoper telle un bébé sur excité. Que des rimes t’as vu ça ? Et dans la noirceur de ce couloir interminable, un son étrange s’interposa entre mon esprit et celui de dehors. « -Il y a quelqu’un ? » Evidemment qu’il y avait quelqu’un, puisque je me trouvais là, seule à seule. Enfin, je ne l’étais plus vraiment ; à présent. Inquiète, je m’arrêtais, de peur de croiser quelque chose qui pourrait m’effrayer – n’importe quoi, ça n’a pas d’importance -, je croyais même que c’était la voix de cette issue rougeâtre qui s’était mise à parler. Je ne savais même pas si je devais répondre, si ça avait la quelconque importance ; une chose était sûre, je me retournais. A ma plus grande surprise, je pus distinguer une silhouette brune un peu plus loin de moi, satisfaite de ne pas être face à un monstre quelconque comme je l’aurais imaginée, je m’approchais ; confiante. _Enchanté, à qui ai-je donc l’honneur ?Ma voix était toujours d’une douceur et d’un calme extrême, relevant les lois de l’apesanteur. Toujours dans mon karma posé et serein, je continuais à plisser les yeux, pour essayer de mieux construire la chose ; recoller tous les morceaux que je discernais dans l’obscurité. En clair, j’étais face à un équidé, un mâle si j’en crois sa voix masculine, assez haut et de taille moyenne, après je n’en sais rien. Je continuais à tracer mon chemin ; en étant certaine qu’il n’allait rien m’arriver de dangereux. Si je savais ce qui m’attendait.

En tout cas, ce n'était certainement pas de rencontrer Smile qui allait mettre sa vie en danger. Lui qui n'aurait pas fait de mal à une mouche ! Enfin si, une mouche, peut-être, tout bien réfléchis. Il attendait une réponse, quelque chose, autre chose que la simple respiration qu'il distinguait dans l'obscurité assourdissante. Un son, une parole, une réponse, pour lui montrer que ce qu'il distinguait était équin, était vivant, était - il l'espérait - inoffensif. Après plusieurs minutes qui lui parurent une éternité, il entendit alors une réponse. Une voix, douce et posée. Exactement comme l'était la sienne. Il fut surpris. Parce que jamais encore - ou presque - il n'avait entendu une voix si calme, si sereine, si... semblable à la sienne, en fait. Enfin si, une fois. Mais cela remontait à bien longtemps. Un souvenir un peu trouble dans sa mémoire. Il fut alors rassuré. La voix était donc celle d'une jument. Il s'approcha d'encore quelques derniers pas, avant de marquer un temps d'arrêt. Il distinguait à présent bien la silhouette forte de la jument, et ses longs crins blonds. Il posa son regard brillant sur elle, et eut un sourire soulagé. « - Smilest Fuhl. Mais vous pouvez m'appeler Smile. » Sans se douter à qui il avait à faire, il garda le silence quelques secondes encore. Puis s'ébroua. Et finalement, lui retourna sa question. « - Et vous, qui êtes-vous ? » Il l'observait, en la lâchait pas du regard. Comme s'il avait peur qu'elle ne disparaisse. Après-tout, elle était peut-être sa seule chance de sortir d'ici. Peut-être savait-elle où il était ? Ou pas.

( C'est pas à ta hauteur, désolée... )

_Je comprenais maintenant, je retrouvais des souvenirs, ce mâle me rappelait quelqu’un. Exactement, dans ma tête il y eut un espèce de remontement dans l’espace-temps, un retour vers le passé, un flash-back… Au départ, je ne saisissais guère la situation qui se tenait, là juste devant moi ; c’est alors que je commençais à comprendre. Il ne m’était pas inconnu, sa douce voix si calme et bienfaisante me rappelait tant quelqu’un, il n’était pas qu’un simple voyageur, il était bien plus que cela. Il était tellement loin d’être un étranger. Lorsqu’il m’annonça comment il s’appelait, je su rapidement à qui j’avais affaire. Smilest. Il me rappel quelqu’un…je réfléchis, mes souvenirs sont brouillés par je ne sais quel blocage excessif, non je dois me souvenir ; c’est important. Réfléchis Sydney, cherche, cherche. Sydney, aller ma vieille, réfléchis. Souviens-toi, la première fois, c’était il y a si longtemps.

C’était il y a plusieurs années déjà. Cela fait plusieurs semaines ainsi que plusieurs années que je ne l’avais pas vu. Il avait tellement grandit, il était devenu un grand garçon. Ce petit gamin, dans cette sombre forêt…Il s’amusait, il galopait comme un fou, dans tous les sens disponibles à sa portée, fonçant tête baissée dans n’importe quel endroit, il se déplaçait rapidement, tel un curieux aventurier à soif d’apprendre. Tout le long de son absence je m’étais demandais ce qu’il avait donc pu devenir ; à présent je le savais. A cette époque encore, il n’était pas plus haut qu’un jeune poney shetland, repérable de très loin ; lui qui courrait n’importe où, avec cette légendaire insouciance appartenant aux poulains. Je me souviens encore, la première fois où je l’ai aperçu, j’étais en train de marcher, à la recherche d’une plante qui pourrait soigner un pauvre lapin qui avait été blessé par un loup sauvage. J’avais sauvé ce lapin et fait fuir le canidé, lorsque je lui avais sagement promis de revenir avec une plante qui aurait pu le sauver, malheureusement après avoir sauvé Smile, le lapin n’était plus de notre monde, j’avais versé plusieurs larmes d’argents sur son pelage blanc. Je m’en suis toujours voulue.

Je me souvenais de la fois où je l’ai croisé. Son regard si innocent et un peu désorienté de tout, il était si jeune quand il a embrassé l’eau glaciale. Je me souviens, je l’avais sauvé en dépit de la vie du lapin… Se noyant, sans pouvoir y faire la moindre chose, dans sa peur et dans ce liquide mortel si important à notre survie ; l’eau. Smilest mourrait petit à petit dans ce liquide vital et meurtrier, à la fois. Dévorant peu à peu ses minuscules forces, je m’étais lancée à sa rencontre, brondissant mon courage et plongeant dans l’eau. Je l’avais sauvé, alors qu’il n’était qu’un pauvre enfant. Nous étions désormais sur la terre ferme, quand je le quittai, pour retrouver le pain en compagnie de la plante qui aurait pu lui sauver la vie. Je saisissais tout ; c’était ce jeune poulain. _Smilest, Smilest ? C’est bien toi… ? C’est Sydney, je ne sais pas si tu te souviens de la vieille carcasse qui t’avait sauvé la peau… J’étais apeurée et heureuse, deux sentiments si différents, à la fois, réunis en un même moment. Mes yeux brillaient, éclatant de joie et de peur.

Il la détaillait. Il observait ses longs crins blonds. Il l'avait déjà vu quelque part. Non. Il l'avait croisé. Un jour. Il cherchait, il essayait de se souvenir. Au début, tout lui sembla flou. Il revoyait de l'eau. Il revoyait l'ivresse de la vitesse. Et il revoyait sa petite taille. Sa petite taille. Taille de poulain. Et comme si leurs esprits étaient connectés, lui aussi se souvint. Les images envahirent soudain son esprit, et tout se rejoua, comme une cassette que l'on rembobine.

Il était si jeune, à cet époque-là. Six mois, un an ? Comment savoir, c'était il y a plus de sept ans. Sept longues années. Pourtant, ce souvenir était ancré dans son esprit. Cela l'avait marqué. Il galopait, comme un fou. Il poursuivait un papillon. Il adorait les papillons, à l'époque. Il pensait qu'ils représentaient les rêves eux-même. Ces petites bestioles le fascinaient. Il courrait après un magnifique insecte volant, celui-ci était d'un bleu surprenant. Il ne regardait pas où il allait. Il était encore petit, mais ses membres avaient déjà la robustesse d'un frison. Ses crins, encore courts, étaient dressés sur son encolure, comme des épis de blés noirs, désinvoltes. Et il ne lâchait pas le papillon de ses yeux déjà incroyablement doux et brillants. Il ne voyait rien d'autre. Il ne regardait pas où il marchait, ni où il allait. Une chance qu'il ne s'était pas mangé un arbre. Et il fonçait. Face à cette rivière. Sans la voir. Sans voir ses courants meurtriers. Sans voir ses pierres tranchantes. Sans voir les chutes où elle menait. Sans voir les torrents trompeurs. Sans voir tout ce qui pouvait le tuer en quelques secondes. L'eau glacée lui fit soudain oublier l'insecte. Mais il était déjà trop tard alors.

Smile se souvenait. Il se souvenait de la terrible morsure du froid. Il se souvenait de la perte de contrôle. Il ne contrôlait plus rien. Paniqué, il essayait en vain de se diriger. Mais les courants s'amusaient avec son corps frêle comme avec une poupée de chiffon. Et il tourbillonnait, effrayé. Livré à l'incroyable puissance des bras de la rivière. Il entendait même les chutes. L'eau s'engouffrait dans sa bouche. Il n'arrivait plus à respirer. Il ne parvenait plus à savoir où était le fond de la surface. Il était balloté. Il allait mourir. Mourir. Quand soudain, quelque chose l'avait tiré par la peau du cou. Il avait soudain sentit la terre râpeuse sous ses poils à vif. Il avait recraché l'eau qui avait un goût vaseux sur le sol. Puis il avait levé les yeux.

Elle était comme aujourd'hui - incroyablement grande, puissante, impériale. Il avait été impressionné. Il avait baissé les yeux. La première phrase qu'il avait sortit n'était pas son nom. Non. Sous le regard de la jument, il avait eu l'impression d'être face à sa mère. D'avoir commis une bêtise. Il avait gardé les yeux baissé, image type du gamin en faute. Et il avait murmurer "Je voulais attraper le papillon." Mais elle ne l'avait pas grondé. Enfin, en tout cas, Smilest ne s'en souvenait plus si c'était le cas. Ne lui restaient que les souvenirs positifs. Quelques échanges. Son nom. Sydney. Puis quelques paroles. Puis, la nuit allait tomber. Il lui avait dit qu'il devait rentrer. Retrouver ses parents et son troupeau. Et comme un gamin naïf, il lui avait dit "A demain !", comme à une simple amie. Il avait fait demi-tour et avait disparu dans les bois sombres. Il ne l'avait jamais revu.

Jusqu'à aujourd'hui. Ses yeux restaient fixées sur la jument qui n'avait pas changé. Un sourire immense naquit sur les lèvres de l'étalon noir. Elle était toujours la même. Lui en tout cas, devait avoir bien changé. Adulte, on ne change pas tellement. De poulain à adulte, en sept ans, ce n'est plus tellement la même chose. Il baissa les yeux, reprenant son air coupable, jouant la comédie.

« - Je voulais attraper le papillon. » murmura-t-il doucement, d'une petite voix enfantine.

Il releva les yeux, croisant de ses prunelles vaillantes et inchangées celles de l'incroyable jument. S'il se souvenait d'elle ? La réponse qu'il lui avait fourni était plus que cohérente. Il oubliait presque où il était. Seule la puissance des souvenirs et de ces retrouvailles l'enchantaient.

[ Tu me redis UNE fois que t’es pas à ma hauteur j’te mange ]

_Je ne m’étais pas assez expliquée, mais la phrase qu’il avait répliqué était bien expressive. Evidemment qu’il se souvenait de moi. Même après ces longues années. J’en avais compté sept en tout. Toutes aussi durables les unes que les autres. Il m’avait dit ‘ à demain’ comme si je ne m’en souvenais pas. Je lui avais sauvé la vie, à ce petit morveux. Je lui avais ouvert les yeux, il allait mourir, mais j’avais été là. Là pour lui, comme l’aurait fait une vraie mère. Mère que je ne suis même pas. Mère que je ne serais donc jamais. Mère, ça je ne le suis guère. Peut-être n’ai-je pas les épaules à supporter un gamin à surveiller ou tout simplement, je n’en ai pas l’envie. Je n’en ai pas le courage. J’ai été créée pour aider, pas pour procréer. J’ai été forgée pour qu’on m’écoute et que l’on me comprenne. Après tout, la sagesse est en moi et y vit, aussi longtemps qu’elle le voudra. Je serais toujours là pour ceux qui en ont le plus besoin. J’aiderais tous ceux qui le veulent. Parce que ce moment il aurait dû durer plus longtemps. Encore des siècles et des mois. J’aurais voulue. J’aurais tant aimée pouvoir m’occuper de lui, aussi longtemps que j’aurais pu. Cependant, ses parents se seraient inquiétés, d’ailleurs si je n’avais pas eu cette sagesse et cette gentillesse légendaire, j’aurais été demandée des remerciements.

Malgré mon âge, je me sens encore capable d’affronter des dangers, quoiqu’ils soient, je me sens encore capable d’aider les autres, tranquillement. Je me souviens, c’était un insecte se déplaçant avec des ailes d’un bleu azur, qui l’avait intrigué, le faisant gesticuler pour enfin tomber dans la mort suprême, la noyade. Il avait manqué d’y passer pour un ange de Dame Nature, comprenez-vous son action puéril et gamine ?

[Sorry c’est court.]

Il attendait une réponse ; mais celle-ci ne vint pas. En réalité, il ne savait pas bien pourquoi il attendait une réponse. Soudain, il se sentit affreusement honteux. Son comportement, petit, avait été drôlement odieux. Pas volontairement, mais aujourd'hui, il s'en rendait compte. Il l'avait à peine remercier, pestant car il avait perdu de vue son papillon. Mais il avait retenu la leçon, et n'avait - la preuve - jamais oublié cette aventure, ni cette jument. Elle avait agit par amour et compassion, par courage et détermination. Elle avait agit humainement. Enfin, équinnement. (¬¬) Smile baissa la tête avec un sourire amusé. Elle semblait lui en vouloir encore, sept années plus tard. Et cela l'amusait, oui. Il souriait. Un sourire profond, naturel, singulièrement frappant et prenant. Un sourire à lui, un sourire à sa façon. Oui, il avait été puérile. Enfantin. Imprudent. Mais on l'a tous été une fois au moins dans notre enfance, non ?

( Vraiment désolée. )

_Je riais en mon fond intérieur, à quel point il avait été si drôle, malgré qu’il ait oublié de me remercier, ce que je juge tout à fait normal étant donné l’âge qu’il avait, si charmant. Je devais être l’une des premières inconnues qu’il voit._Que tu as grandis.Il s’était mis à sourire, et j’en avais fait de même, il me rappelait énormément de souvenirs, c’était agréable de revoir quelqu’un que je connais depuis si longtemps. Toutes ces années qui avaient passé, il avait grandement changé, il avait grandi, muri. Il avait tout simplement changé. Je le regardais comme une mère l’aurait fait. Comme sa mère aurait pu le faire.

Elle me regardait comme ma mère aurait pu le faire, oui. Sauf que ma mère ne me regardera jamais plus comme ça. Ma mère n'est plus là, elle n'existe plus, elle a disparu. Elle s'est envolée, comme n'importe quel ange. Elle était si douce... Secouant la tête, je lui souris aussi. Après-tout, elle m'avait sauvé la vie. Taquin, je réplique, joueur :

« - C'est grâce à toi que j'ai pu grandir. » répondis-je doucement.

C'est vrai. Sans elle, je serais toujours un poulain. Mort. Je n'aurais jamais pu grandir. Je n'aurais jamais pu rencontrer Ameliah. Et je n'aurais jamais pu devenir celui que j'étais fier d'être devenu. Secouant ma longue crinière, je m'approche d'elle. Je souffle doucement dans ses naseaux. Je suis réellement heureux de la retrouver. De la revoir.

« - Bon, discutons une fois que nous serons sortis d'ici, qu'en dis-tu ? » je murmure, toujours pas rassuré quant à l'endroit où nous sommes.

_Nous nous trouvions dans un endroit peu intéressant, très embarrassant. Nous devions sortir à tout prix. Lorsqu’il y posa ses naseaux d’étalon sur les miens, sa tête contre la mienne. Je versais une larme, heureuse de revoir un gamin que j’avais sauvé. J’en avais sauvé des créatures de la forêt, des créatures de la savane, des montagnes, de partout où je pouvais aller. Mais c’était le seul que j’avais pu revoir. A vrai dire, je n’avais aucunement confiance en ce lieu glauque, qui me filait la chair de poule, ma longue crinière blonde touchait presque le sol, jamais mes crins n’avaient été coupés, et l’on sentait ma vieillesse, la mort qui se rapprochait petit à petit de moi. Un jour, elle m’enlèvera, me kidnappant dans ses filets sans que je puisse en sortir, quel qu’en soit la façon. Un jour ou l’autre, ma vie s’arrêtera, aussi rapidement qu’elle a commencé. Je redeviendrais inconnue des générations à venir, je n’existerais plus dans la tête de ceux que j’ai rencontré, je ne serais plus que cendre. Un jour, oui un jour, la faucheuse m’enlèvera, m’emmenant dans les abysses de la mort, dans un sombre lieu qui me fera devenir invisible aux yeux de tous. Seuls ceux pour qui je compte, pleureront. Ce seront les seuls à pleurer de ma disparition. Bientôt je ne serais plus de ce monde, bientôt je ne reviendrais plus.
Effectivement, c’était grâce à ma présence qu’il avait pu connaître ce que pouvait réserver la vie, il avait sûrement rencontré une âme qui sache l’aimer, il avait peut-être des enfants, que sais-je de lui après tout ? Presque rien. Quasiment rien en fait. Dans ma nature bavarde, je ne lui répondis guère, j’avais toujours cette pression sur moi. La discussion n’était plus de mon âge, plus dans mes désirs. Cependant, d’un signe de la tête, j’acquiesçai. Je ne supportais pas vraiment cet endroit, il était étrange et pas vraiment sympathique.